Lali

26 mars 2007

Lundi pluvieux

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 8:00

daniel price

Comme elle a envie de ne pas bouger. Comme elle resterait là, enfouie sous les couvertures avec son livre. Rien que de penser à cette possibilité, elle écrase davantage sa tête contre l’oreiller.La lectrice de Daniel Price est si confortable qu’elle devra se battre contre elle-même pour sortir du lit. Il y a des jours comme ça. En général, des lundis. Et des lundis de pluie.

Les bribes d’une phrase

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 2:51

kramskoy 1

Elle avait décidé qu’il était temps de dormir, qu’elle avait amplement lu et que ça faisait trop de nuits qu’elle se laissait séduire par les mots. Elle s’apprêtait à retirer sa broche et à se déshabiller quand les bribes d’une phrase se sont mises à lui trotter dans la tête. Et parce qu’elle était incapable de se rappeler la phrase avec exactitude, elle a arrêté le geste pour retourner au salon et ouvrir le livre. Il lui fallait absolument retrouver les mots, dans le bon ordre, les retenir.

Depuis, elle cherche, elle cherche sans relâche. La lectrice d’Ivan Nikolaevitch Kramskoy n’a toujours pas trouvé. Et la nuit avance. Une fois de plus.

La lectrice qui est rentrée chez elle

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 0:08

maud sherwood

Voilà trois mois, enfin presque trois mois, qu’elle dort chez lui de temps en temps, sans que cela ne perturbe sa petite vie tranquille. Juste parce qu’elle aime bien la chaleur de son ventre contre son dos après l’amour. Mais ce soir, elle a été incapable de rester. Elle a prétexté un rendez-vous très tôt, bien avant leur heure habituelle, pour se rhabiller dans le noir. Et rentrer chez elle.

Ce mensonge parce qu’alors qu’il embrassait son épaule, il lui a suggéré de ne pas toujours tout transporter dans son grand sac et de laisser quelques affaires chez lui. De venir dormir plus souvent avec lui. Qu’il avait envie que ça devienne sérieux entre eux.

C’est là, à cette minute précise, qu’elle a été prise d’un malaise qu’elle a tu.

L’homme vit sans livres. Enfin, pas tout à fait. Il y en a à son bureau, dans une belle armoire vitrée, mais pas chez lui. Et chaque café du matin qu’elle prend là, quand elle n’est plus dans le besoin de fusion, lui fait reprendre ses esprits et souvent partir bien vite. Car elle ressent alors au ventre le manque de livres et qu’elle étouffe.

Et la seule chose que la lectrice de Maud Sherwood laisserait en partant, ce serait des livres, que des livres. Pour qu’elle se sente à l’aise hors de la chambre. Mais il n’y a pas de place pour les ramasse-poussière dans la vie de l’homme qui ne veut plus se contenter de rencontres occasionnelles.

Elle est donc rentrée lire. Et regarder la vie: les étagères remplies de livres et les piles sur la table à café.