Lali

24 mars 2007

Lutèce en plein Paris

Filed under: Ailleurs — Lali @ 23:29

arenes de lutece

Il n’est pas de voyage en Europe où je ne me suis pas arrêtée à Paris, même si la capitale française n’était pas la destination principale du voyage. Je me demande si je pourrais un jour faire autrement, ne pas poser mes bagages à Paris, ne serait-ce que pour 24 heures, si je me trouvais en Europe. Chaque fois, je trouve un moyen de m’y arrêter, d’aller embrasser Sonia, Jasmine et Monique et de partir à la découverte d’un endroit de Paris que je ne connais pas encore. Et il y en a tant que je risque encore une fois de m’arrêter à Paris lors de ma prochaine traversée.

Et quand je vais en quête d’un endroit sur lequel j’ai lu, je me demande si les Parisiens connaissent vraiment Paris. Or, j’en doute fort. Difficile de ne pas savoir où est la tour Eiffel, où se dressent le Sacré-Cœur de Montmartre et la tour Montparnasse, où est Notre-Dame, mais je ne serais pas étonnée que peu de gens sachent me diriger vers les arènes de Lutèce, dans le Ve arrondissement, près de Jussieu, rue Monge.

Et pourtant, l’arrêt vaut le détour. Surtout qu’il y a ce moment étonnant où on franchit tout simplement l’entrée qui pourrait être celle d’un parc et où on se retrouve en pleine Histoire. Immédiatement, on pense à Astérix, au frère de Bonemine, le maire de Lutèce et on sourit. C’est comme ça.

Il n’y a rien à voir, diront certains. Oui, en effet, que des gradins, mais des gradins qui ont presque 2000 ans et qui étaient ceux d’un théâtre romain. Les gens du quartier qui connaissent l’endroit viennent y manger les midis d’été. Des enfants jouent au ballon comme ils le feraient n’importe où sans se soucier d’en savoir plus. Et quelques touristes curieux y débarquent. Dont je fus, il y a quelques années de cela.

Les arènes de Lutèce constituent-elles un incontournables des hauts lieux parisiens? Je ne sais pas et ce n’est pas à moi de le dire. Mais qui aura la curiosité de pousser jusque là ne le regrettera pas.

Zone sinistrée

Filed under: Couleurs et textures,Qui est Lali? — Lali @ 20:30

starr abbott

Entre les journaux, les magazines, le livre commencé la veille et les lettres auxquelles répondre, la lectrice de Starr Abbott ne sait quoi choisir. Elle a tout mis devant elle. Et sa table ressemble à la mienne où s’entassent des livres, des cartes postales, des lettres, deux revues littéraires, une coupure de journal, des plumes, des CD. Mon petit bazar sans lequel je ne vis pas – auquel s’ajoutent mon clavier et mon écran, là où je raconte, où je ma raconte, où je tente de partager mes différentes passions.

J’aime ce fouillis devant elle, comme j’aime aussi le mien. Quoique mon capharnaüm est bien pire que le sien et dépasse l’espace de ma table de travail, avec les dictionnaires à portée de main, sur la tablette escamotable de la bibliothèque elle aussi envahie de livres et de CD. Mon bureau, c’est mon lieu, c’est celui où je ne laisse entrer personne. Je l’appelle zone sinistrée et en interdis l’accès si quelqu’un me visite. J’évite ainsi des remarques désobligeantes et des crises cardiaques.

De temps en temps, je décrète qu’il faut que je range un peu et je le fais. Mais ça dure le temps que ça dure. Bien vite, mon bureau ordonné redevient ma zone sinistrée. Et j’y suis bien. Délicieusement bien.

La neige salvatrice

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 20:13

j. theodore johnson

Il neige, une fois de plus. Mais la lectrice de J. Theodore Johnson n’en a cure. Il fait bon près du radiateur et elle a de quoi s’occuper tout le temps que le ciel déversera ses flocons. Et en fait, cette neige lui convient. Elle a servi de prétexte à ne pas sortir, à ne pas aller prendre un verre quelque part dans un de ces endroits bondés, à ne pas se retrouver aphone quand elle rentrera, ahurie. Car elle n’aime pas la foule, et encore moins la cacophonie de ces lieux qu’on envahit le samedi soir.

Elle sourit quand elle regarde dehors. La neige salvatrice lui a permis de rester seule avec son livre.

La lectrice indisciplinée

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 18:35

steve t. laws

Parce qu’elle ne savait lequel choisir, la lectrice de Steve T. Laws a apporté la pile au salon. Ça lui évitera de faire ce qu’elle fait une fois sur deux, c’est-à-dire se lever pour aller chercher un autre livre, puisqu’elle adore aller de l’un à l’autre.

Une de ses amies qui est incapable de procéder ainsi lui a récemment dit qu’elle manquait de discipline. Comme si lire un livre de la première page à la dernière sans ouvrir aucun autre livre était un signe de discipline! Elle a ri. La lecture n’a rien à voir avec la rigueur, c’est un plaisir. Or, si son plaisir est justement de glaner ici et là des phrases et non pas de lire un livre à la fois, pourquoi devrait-elle se plier aux conseils de son amie qui la juge mauvaise lectrice ?

Il n’y a pas de règles pour les lectrices et les lecteurs. Seul compte le plaisir, qu’il soit dans le livre dévoré d’une traite ou dans le fait de passer de l’un à l’autre.

Devant l’âtre

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 18:18

daniel pasmore

Est-ce à cause d’un mari suspicieux ou d’une épouse jalouse que la lectrice de Daniel Pasmore s’apprête à jeter au feu la plus récente lettre de son amant ? Parce que des mots aussi passionnés et aussi brûlants ne peuvent qu’être brûlés ? Parce qu’il vaut mieux que jamais quiconque ne tombe sur pareille missive ? Et pourtant, elle hésite. Elle aimerait pouvoir la porter sur elle plutôt que la détruire. Elle hésite toujours.

La flamme va effacer les traces. Mais jamais elle n’oubliera aucune des phrases de l’aimé.

Sous les draps

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 14:37

quint buchholz 2

Elle lisait au lit, tandis qu’il dessinait. Puis, elle s’est levée et a fait du café. Il a bu le sien près de la feuille barbouillée d’encre, tandis qu’elle prenait le sien assise sur le bord du matelas en le regardant. En le regardant comme il la regarde quand il la peint ou la dessine. Avec la même intensité. Comme pour fouiller son âme.

Puis, elle a posé le livre au sol, à côté des autres, l’a laissé ouvert à la page qu’elle lisait. Dessus, il a posé l’encrier, sans même s’en rendre compte.

Ils avaient mieux à faire en cette journée. La lectrice et le dessinateur de Quint Buchholz se sont glissés sont les draps.

À la lumière du jour

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 14:14

lionel spani

Il n’y a rien que la lectrice de Lionel Spani préfère à la lumière du jour pour lire. C’est pour cette raison qu’elle s’est hâtée de tout faire, le rangement, les courses et cuisiner, pour que quand la lumière serait telle qu’elle l’aime, elle pourrait s’installer et lire ce livre acheté depuis quelques jours. Et lire tant que la lumière entrera dans la pièce.

D’autres peuvent lire sous l’éclairage d’une lampe ou d’une chandelle, mais pas elle. Il lui faut absolument la lumière du jour. La pénombre est faite pour rêver, pas pour lire, affirme-t-elle, en guise d’excuse, là où elle n’a pas à s’excuser.

La lectrice des cafés

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 9:23

elvira bach

Le samedi, beau temps ou pas, hiver comme été, la lectrice d’Elvira Bach sort chercher des journaux et des magazines qu’elle va lire dans un café. Rarement le même. C’est sa manière à elle de visiter Berlin que de lire ailleurs de chez elle. Elle a ainsi vu tous les quartiers, a goûté des cafés exceptionnels comme de beaucoup moins bons.

Elle aime aller constater la lenteur de la vie du samedi, le temps quasi suspendu, quand les gens ne sont pas à la course. Et du coin de l’œil, tandis qu’ils discutent, qu’ils mangent, qu’ils remplissent les cases blanches d’une grille de mots croisés, elle les regarde. Et ce qu’elle voit, ce qu’elle imagine, tandis qu’elle leur prêtes des vies hors de ces cafés, n’a peut-être rien à voir avec la réalité et est peut-être aux antipodes de celle-ci. Mais c’est son activité du samedi matin au même titre que l’arrêt pour acheter de quoi lire et le café commandé au comptoir. Le samedi, elle se fait son cinéma à partir d’un geste, d’un vêtement. Et quand tous les « personnages » du café ont été exploités, elle laisse là les journaux et rentre. Écrire.