Lali

16 mars 2007

Un meuble peut-il inspirer ?

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 23:58

guy rose

Un vrai meuble fait uniquement pour l’écriture, un secrétaire à l’ancienne avec plein de tiroirs, à l’image de celui de la lectrice/écrivaine de Guy Rose, voilà exactement un objet dont je rêve depuis toujours. J’ai toujours eu l’impression qu’un tel meuble inspire celui ou celle qui s’y assied et que les idées comme les mots viennent tout seuls. Probablement que ce n’est pas le cas, mais j’aime cette impression que les objets ont parfois des propriétés.

Et comme je ne possède pas un tel meuble, heureusement que je peux écrire partout, allongée sur mon lit comme dans le métro. Et d’ailleurs, je ne fais que ça. Le carnet n’est jamais loin. L’écran non plus. Et tant à écrire, avec l’espoir que ça ne s’arrête jamais. Que toujours jailliront de ma mémoire des souvenirs et des lieux que je voudrai partager. Que mes lectrices ne me laisseront pas tomber et qu’elles continueront à me glisser des indices pour que je puisse les raconter. Elles qui ne cessent d’arriver jusqu’à moi parce qu’elles savent qu’il y aura toujours une place pour elles dans mes pages. Elles qui attendent leur tour avec les autres. Mais qui ont déjà une vie bien remplie avant que je ne leur fasse une place dans mes pages: elles lisent.

Chez Chartier

chartier

Parce que Francine et Larry seront à Paris dans trois semaines, et que je suis si contente pour eux, c’est mon Paris que j’ai envie de leur faire découvrir. Celui du toit de la Samaritaine, celui du café Le Rostand, celui du thé sur le toit de l’IMA, haltes dont j’ai fait mention ici déjà, et auxquelles je compte ajouter quelques-unes pour eux, pour le plaisir de ceux qui aiment cette ville, pour mon plaisir à moi.

Un autre des endroits que j’affectionne est le Bouillon Chartier, ici joliment peint par Marko Stupar, cette brasserie du faubourg Montmartre ouverte en 1896. Une partie de son charme réside dans son décor art nouveau, qui n’a rien perdu de ce qu’il était à l’origine et qui fait que le restaurant est classé monument historique depuis 1989. L’autre partie de son charme est dans le fait de se sentir dans une autre époque, les serveurs portant toujours le rondin de l’époque – un gilet avec de nombreuses poches. Et le plaisir est dans l’assiette avec ces plats mijotés ou autres préparés simplement et sur la note qui ne reflète pas les prix d’aujourd’hui mais là aussi d’une autre époque, ce qui n’est pour déplaire à quiconque.

Chez Chartier, que j’ai découvert il y a de nombreuses années grâce à Jasmine fait partie de ces lieux que je recommande, la salve en bouche, tant je conserve de mes quelques visites un excellent et savoureux souvenir.

Le premier rendez-vous d’une lectrice

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 21:06

helter

Elle l’avait trouvé de son goût au souper chez des amis communs. C’est pourquoi elle avait accepté qu’il la raccompagne chez elle et lui avait même donné son numéro de téléphone. C’est au premier rendez-vous que les choses se sont gâtées. Les amis n’étaient plus là pour animer et il tentait tant bien que mal de la faire parler. Mais peine perdue, rien n’y faisait.

Il n’avait jamais mis les pieds en Europe et pour lui, des vacances, c’était une plage de Cuba. Ça commençait mal. Puis, une petite remarque de sa part sur la musique classique qui jouait en sourdine et qu’il a appelée de la musique endormante. Ça continuait de mal aller. Pourtant, il avait des yeux magnifiques, une bouche invitante. Et elle était certaine que tout le monde avait remarqué un si bel homme quand elle était entrée avec lui dans le restaurant.

Puis ça a été la critique des toiles au mur: il affirmait que n’importe quel enfant de cinq ans pourrait faire mieux. Elle a avalé de travers, n’a rien dit. Et quand il a affirmé que lire était une perte de temps, il a signé son arrêt de mort sans le savoir.

La lectrice d’Ernest John Helter s’est levée sous prétexte d’aller se laver les mains. En passant, elle a acquitté la moitié de la note et s’est arrêtée à la table pour lui dire qu’elle rentrait lire, que sa part était réglée et qu’elle avait remarqué au fond de la salle une jolie blonde qui le regardait avec des yeux gourmands.

C’est son livre, elle, qu’elle regarde avec des yeux gourmands, maintenant qu’elle l’a enfin retrouvé.

La femme du dormeur

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 19:52

borrani

Ils ont soupé et ont lavé la vaisselle ensemble. Et comme tous les soirs, il est allé s’asseoir dans le fauteuil et il s’est endormi. La lectrice d’Odoardo Borrani a souri. Ça fait bien 30 ans que ça se passe comme ça, que dès qu’il met les lunettes sur son nez et qu’il ouvre le journal, bien décidé à le lire, son mari s’endort. Il fut une époque où elle le secouait, mais voilà bien longtemps qu’elle ne le fait plus.

Elle s’installe à la table où ils ont mangé et soir après soir; elle lit. Au moins deux livres par semaine. Et quand ses yeux n’en peuvent plus, elle réveille son homme. Et chaque fois, il penche la tête, confus de s’être endormi, comme si c’était la première fois. Et chaque fois, elle sourit. Elle n’aurait pas lu 3000 livres s’il n’avait pas été comme il est.

Près du poêle

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 17:40

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Les 25 cm de neige annoncés peuvent tomber. La lectrice d’Oxana Dmitrievna Solkolovskaya restera près du poêle, sous ses pulls, avec son roman et ne mettra pas le nez dehors. Elle a prévu le coup. Un roman historique qui va durer des heures et des heures. Qui va la faire rêver. Et si jamais elle lève les yeux pour regarder par la fenêtre les flocons, elle se réjouira d’autant plus d’être au chaud avec les meilleur des compagnons. Et de faire avec lui un voyage qui va s’étendre sur deux siècles.

Les lectrices de Zandomeneghi

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 17:12

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De Venise à Paris où il s’est installé et où il a côtoyé Renoir et Degas, il les peintes. Inlassablement, et pas qu’elles. Étaient-elles son épouse, ses filles, pourqu’elles ne cessent de l’inspirer ainsi, en continu, comme si elles étaient dans son champ de vision quoiqu’il choisisse de peindre ? Federico Zandomeneghi ne semble jamais d’être lassé de les regarder puisqu’elles sont encore plus nombreuses que celles sélectionnées ici, l’une comme l’autre attentives au livre et non à celui qui peint. Comme s’il faisait lui aussi partie de leur décor quotidien.

Le goût des crêpes

Filed under: États d'âme,Le plaisir des papilles — Lali @ 16:00

crêpes

Rien de tel que de débuter une journée de congé en mangeant au restaurant avec une amie qu’on n’a pas vue depuis longtemps. Rien de tel que de s’animer ensemble autour de sujets qui nous sont chers. Et rien de tel que des crêpes [pancakes] pour que ce début de journée ait été tout ce qu’il y a de plus parfait.

Je ne mange que rarement de ces crêpes à l’américaine pourtant si faciles à faire. Ces crêpes qui ont fait la joie de mon enfance et que je noyais littéralement de sirop de sirop d’érable, comme il se doit. Ces crêpes dont j’ai découvert les variantes au cours de voyages aux États-Unis dans une des nombreuses succursales de l’International House of Pancakes dont je retiendrai la crêpe aux bleuets recouverte de sirop aux bleuets. Il y a de ces plats dont le souvenir du goût est et sera impérissable.

Les crêpes en font partie de ces plats au même titre que bien d’autres et pour toutes sortes de raisons. Au goût que je conservais en tête s’ajoutera désormais celui de l’amitié avec France.