Lali

12 mars 2007

Trois lectrices, un seul angle

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 23:39

ambrosius benson 2

ambrosius benson 3

ambrosius benson 1

Chaque fois que le peintre Ambrosius Benson a peint une lectrice, il a choisi le même angle. Était-ce une obsession de sa part de réussir le plus parfait des tableaux représentant le demi-profil gauche ou si ses modèles avaient la coquetterie de préférer des deux ce profil-là ?

Le résultat ? Trois lectrices aussi sérieuses l’une que l’autre, absorbées, avec la lumière qui se pose de même façon sur elles.

La nièce

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 21:12

cassandra austen

L’écrivaine Jane Austen dont j’ai déjà fait mention avait six frères et une sœur, une sœur dont elle était inséparable.

Tandis que l’une écrivait, l’autre dessinait. Mais celle qu’on retrouve sur la toile de Cassandra Austen n’est pas sa sœur, mais sa nièce Fanny Austen Knight, une des nombreuses personnes avec qui l’écrivaine a échangé de façon épistolaire au cours de sa vie.

Jane Austen a d’ailleurs laissé derrière elle une belle collection de lettres, dont plus d’une centaine à Cassandra. C’est d’ailleurs grâce à celles-ci qu’on a pu apprendre ce qu’a été la vie de l’écrivaine.

Il me plaît de penser qu’ici la nièce est en train d’écrire à sa tante et qu’elle lui relate des faits qu’elle ne relaterait probablement pas à d’autres. Et que pendant ce temps, c’est son autre tante qui la peint. Toute une famille !

Au détour d’une phrase

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 20:31

rogret crusat

De temps en temps, son regard quitte le livre pour se poser loin, loin, au pays des rêves, au pays des souvenirs. Parce qu’au détour d’une phrase, quelques mots ont pris toute la place. Et la lectrice de Roger Crusat laisse là le livre, rêve, repense à une scène d’il y a longtemps si pareille à celle qu’elle vient de lire.

Ça m’arrive. Ça vous arrive. C’est tout simplement un des plaisirs liés à la lecture que de se retrouver parfois dans les livres.

Des lettres de l’étranger

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 17:57

augustus nicholas burke

Allait-elle avoir du courrier quand elle rentrerait à la maison ? La lectrice d’Augustus Nicolas Burke a pensé à ça toute la journée. Elle aime bien les lundis, juste pour cette raison, car il est rare qu’il n’y ait pas une enveloppe venue de l’étranger dans sa boîte.

Au fil des ans, les amis et la famille se sont installés un peu partout et elle est de tous la plus fidèle pour écrire, de telle sorte qu’elle reçoit régulièrement des nouvelles qu’elle transmet à toutes et à tous. Elle est un peu le lien, celle sur qui les autres comptent, car ils n’ont pas en eux ce goût d’écrire, cette envie de raconter le quotidien comme les événements importants.

Et elle a été servie en ce lundi. Trois lettres l’attendaient. Déjà, elle est en train d’imaginer quel papier elle va choisir, quelle anecdote elle va raconter. Et cela la laisse rêveuse.

Avant de partir pour l’école

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 8:18

mary louise gow

Elle entend très bien la voix de sa mère qui lui dit que c’est l’heure. Oui, elle l’entend très bien, mais elle fait comme si elle ne l’entendait pas afin de rester le plus longtemps possible plongée dans son livre.

La lectrice de Mary Louise Gow va étirer la chose jusqu’à ce que sa mère monte le ton et vienne la chercher, comme chaque matin. La petite a beau expliquer à sa mère qu’on apprend des choses inutiles à l’école, comme faire du découpage et lacer ses chaussures, ce qu’elle sait faire depuis longtemps, sa mère ne veut rien entendre. Elle devra fermer les livres et partir pour l’école, où elle estime qu’on ne lit pas assez. Je crois qu’elle n’a pas tort.

Leur apprendre le silence

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 7:56

daniel clarke

Elle s’est servi une tasse de café et a étalé le journal. La semaine de la lectrice de Daniel Clarke débute ainsi. Après avoir un peu décroché pendant deux jours, elle se remet au diapason, reprend le pouls de la planète avant de partir travailler. Pour ne pas être trop à part si l’un ou l’autre des sujets de l’heure tenait lieu de sujet de conversation. Quoiqu’elle aime bien être à part, les écouter et se taire. Les écouter déformer ce qu’ils ont lu dans la presse ou entendu à la radio. Ça la fait toujours sourire que les gens retiennent si peu et adaptent à leur convenance. Surtout quand ils en profitent pour introduire une partie de leur vie, de la vie de leur belle-sœur ou du voisin, pour dire que ce n’est rien ce qui est arrivé à celui dont on parle ce matin à la une: ils ont tous vu ou entendu des choses bien pires. Les exemples fusent. C’est la surenchère.

Et elle écoute, médusée. Parfois, elle voudrait juste leur apprendre le silence.

Histoire de famille

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 6:44

fantin latour 1

fantin latour 2

fantin latour

fantin latour 4

C’est par choix que je m’inspire rarement des titres des toiles, que même si je sais la petite histoire de celles-ci dans de nombreux cas, je préfère en faire abstraction. Pour laisser les toiles et les lectrices me raconter une histoire. Pour leur donner une autre vie.

Ainsi, ces trois lectrices d’Henri Fantin-Latour. Ce que je vois n’est peut-être pas la réalité, peut-être l’est-elle un peu. Ce n’est pas important.

J’aime penser que la mère de la première toile, amoureuse des livres, a transmis à ses filles sa passion pour la lecture et qu’elle leur a ainsi fait le plus beau cadeau du monde. Oui, j’aime penser que ces quatre toiles constituent un tableau de famille où chacune des lectrices liées par le sang est aussi liée aux autres par le même besoin des mots.

Elle ne pouvait être que là

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 6:29

james sant

Ses yeux ont quitté le livre quand il est entré dans la pièce. Il a souri. Elle ne pouvait être que là, presque dans le noir, avec un livre. Comme souvent, avant que le jour ne se lève. C’est son heure. Il sait.

La lectrice de James Sant a aussi souri. Elle sait qu’il sait.

Elle sait aussi qu’il ira préparer le déjeuner et qu’il viendra la chercher quand tout sera prêt.