Lali

8 mars 2007

La nuit blanche d’une lectrice

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

ruskin spear

Comme la lectrice de Ruskin Spear, je viens de faire du café, malgré l’heure tardive. Je n’ai pas envie de dormir tout de suite et peut-être même pas du tout. Reste à savoir si je tiendrai la route, si je passerai la nuit à écrire, à lire, à chercher des renseignements sur tous ces peintres qui ont peint des lectrices, lesquelles constituent mon plus grand trésor en ce moment avec plus de 1400 en réserve pour les jours et les nuits d’écriture.

Et pourquoi devrais-je absolument dormir aux heures où tout le monde dort alors que demain je n’ai rien de prévu avant le milieu de l’après-midi? Et pourquoi ne pourrais-je pas m’offrir le luxe d’une nuit blanche par choix comme c’est peut-être le cas de cette lectrice qui lit au cœur de la nuit, le plafonnier allumé? Surtout que toutes ces toiles m’appellent avec insistance?

À partir d’une phrase de Tahar Ben Jelloun

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 22:56

david preston

Respecter une femme, c’est pouvoir envisager l’amitié avec elle; ce qui n’exclut pas le jeu de la séduction, et même, dans certains cas, le désir. [Tahar Ben Jelloun]

J’ai noté cette phrase sur un bout de papier il y a presque cinq ans. Et en rangeant, la petite phrase est réapparue. Autant à l’époque où je l’avais copiée, elle faisait sens, parce qu’il y avait dans ma vie cet ami/confident pour qui j’étais l’amie/confidente avec lequel parfois je dormais. Autant aujourd’hui, je ne sais pas si je l’aurais notée.

J’ignore si, maintenant que j’ai connu un désir bien autre, un désir qui emporte tout sur son passage, je serais en mesure de vivre ce genre d’amitié où le jeu de la séduction peut intervenir ponctuellement. Je ne sais pas. Non pas que j’étais inconfortable dans ce que je vivais à ce moment-là. Au contraire. Il y avait quelque chose d’agréable qui me rassurait dans le fait de pouvoir séduire à l’occasion celui que je connaissais depuis plus de dix ans. Mais était-ce bien sage ? Cette amitié qui outrepassait les normes de l’amitié conventionnelle aurait pu détruire l’amitié. L’un des deux aurait pu devenir amoureux. Or, nous avons eu de la chance, ce n’est pas arrivé et nous sommes toujours amis même s’il n’y a plus ces gestes d’alors que nous appelions désir et qui, peut-être, n’étaient au fond qu’un appel à la tendresse.

Alors, oui, il est possible que la phrase de Ben Jelloun puisse s’appliquer dans certaines cas. Mais en ne perdant pas de vue l’idée du danger, l’idée qu’un des deux pourrait souffrir et vouloir vivre autre chose.

J’ai plutôt envie de croire à l’amitié qui pourrait naître du désir qui perdure. Plutôt envie de croire qu’une femme qui s’offre à son amant comme le fait la lectrice de David Preston pourrait devenir à la longue son amie. Oui, envie de croire que l’amitié peut se développer pendant qu’un homme et une femme sont amants, et même continuer quand ils ne le sont plus, mais que faire entrer le jeu de la séduction dans une amitié qui dure depuis très longtemps n’est peut-être pas une chose à souhaiter.

La lectrice prête pour aller danser

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 21:53

louis icart

Ce soir, la lectrice de Louis Icart a enfilé sa robe pour aller danser. Ce soir, la lectrice va quitter ses livres pour vivre autre chose que la vie des livres. Ce soir, le lectrice va rire, tourner, séduire. Comme dans les livres qu’elle lit. Et son cavalier sera le meilleur des danseurs, le plus attentionné de tous, le plus galant. Du moins veut-elle y croire. Pour demain pouvoir dire que la vie est aussi belle que dans les livres, même si elle est prête et toujours dans son livre. Son chevalier servant est en retard… Ça ne se passe pas comme dans les livres.

Assise sur des livres

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 21:36

pascal peltier

Comme elle est belle, la lectrice de Pascal Peltier, assise sur des livres pour lire. Comme si tout son univers se résumait à ça, les livres.

J’aime la douceur qui se dégage d’elle, la confiance que la vie sera toujours belle, puisque des livres l’attendent. J’aime les genoux relevés, le corps à demi fermé pour ce qui n’est pas le livre, les orteils qui s’écartillent à la lecture d’un passage. Elle est si vivante dans sa façon de faire corps avec le livre. Celui qui l’a ainsi figée pour toujours a saisi à quel point elle ne serait incapable de vivre sans livre. C’est pourquoi il lui a choisi comme siège des livres.

Bien au chaud sous la couverture

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 18:18

lou_marek

Rien ne peut remplacer ce moment entre tous où, la semaine terminée, on rentre chez soi, on enfile un gros pull, on se love sous une couverture et on ouvre le livre laissé là le matin ou la veille. Parlez-en à la lectrice de Lou Marek, elle qui est en train de vivre la scène que je décris et qui nage dans le bonheur. Demandez-lui si elle voudrait une autre vie plus palpitante que celle de se retrouver chez elle et de profiter de cette vie qui est la sienne. Demandez-lui. Je suis certaine qu’elle vous dira qu’elle a exactement la vie qu’elle désire. Je le sais, parce qu’elle est quelquefois mon double.

Dernières minutes avant le départ

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 8:27

jadzia romaniec

Il lui faudra bien se décider et quitter sa robe de nuit pour une tenue de ville. Mais la lectrice de Jadzia Romaniec est si bien qu’elle va, comme chaque matin, étirer le plus longtemps possible ces minutes avant celle ultime où elle devra inévitablement quitter son livre et s’habiller. Et courir.

Lecture à haute voix

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 8:03

theodore robinson

Il viendra la rejoindre et elle lira pour lui à haute voix ce livre qu’elle a choisi pour eux. Il viendra la retrouver et se bercer à sa voix, assis à ses pieds. Il lèvera parfois les yeux vers elle: elle est si belle quand elle lit. Peut-être osera-t-il une main sous la jupe pour caresser le mollet. Peut-être pas. Il ne faut pas distraire les lectrices quand elles lisent. Enfin, un peu, juste assez. Mais ne pas les troubler au point qu’elles abandonnent là le livre.

Et quand la lectrice de Theodore Robinson estimera que le temps de la lecture est passé, il se relèvera, lui retirera son chapeau et l’embrassera en dénouant ses cheveux.

Écrire face au jardin

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 6:43

kalckreuth

S’il n’y avait pas cette obsession des images, cette urgence des mots. ce besoin irrépressible de me retrouver dans mes pages, quelle raison me pousserait à me lever en dehors du devoir d’aller travailler ? Je me pose parfois la question sans toutefois trouver la réponse. Dès que j’ai su lire et écrire, ma vie est devenue ce qu’elle est. Et là où d’autres se contentaient de lire, il me fallait écrire. Et au fond, je ne me vois pas faire autre chose. Je veux bien devenir une vieille dame à la manière de la lectrice de Leopold Karl Walter von Kalckreuth qui écrit en regardant son jardin.

Les lectrices, une source d’inspiration

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 5:22

denis chiasson 1

denis chiasson 2

denis chiasson 3

Je peux passer des heures et des heures à chercher des lectrices, ce n’est plus un secret. Certaines soirées sont totalement infructueuses alors que d’autres sont une source de joie incomparables. Ça fait partie du métier de chasseresse d’images.

Rarement, mais de temps en temps tout de même, quelqu’un me suggère un artiste, m’envoie une toile. C’est mon amie France, poète et photographe à ses heures sur ses pages qu’elle appelle Les créations Vita, qui m’a fait découvrir les lectrices de l’artiste québécois Denis Chiasson.

Celles-ci, parfois contorsionnistes, au rouge aux joues, possèdent toutes la douceur qu’on imagine émanant d’une lectrice. Elles posent dans un décor créé pour elles, dans des couleurs qui séduisent. Et tout ça donne envie de les connaître autant que de les laisser dans leur petit univers douillet. Belle ambivalence. Décidément, les lectrices seront toujours une source d’inspiration pour qui sait s’y arrêter.

Celle qui se lève avant le jour

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 5:00

thomas sully

Levée bien avant le jour, la lectrice de Thomas Sully a retrouvé avec bonheur le livre abandonné la veille, parce qu’elle était exténuée. Si bien qu’elle était au lit très tôt, levée tôt, tôt dans son bain, prête tôt, avec pour seul objectif: avoir du temps pour lire.

Combien sont-elles à vivre ainsi, au cœur de la nuit, dévoreuses de livres, écrivaines ou passionnées par une quelconque activité, à se lever bravement alors que tout sommeille encore pour pouvoir s’adonner à ce qu’elles aiment ? Sûrement plus qu’on ne peut le penser.