Lali

4 mars 2007

Le peintre et l’écrivaine

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 23:28

lesliemarcus

Ils échangeaient des toiles, les commentaient. C’était leur jeu outre le désir qu’ils avaient l’un pour l’autre. Celle de Leslie Marcus dans laquelle elle se reconnaisait à cause des formes, du livre, lui avait beaucoup plu. Une parmi tant d’autres. Une de celles qui les a unis durant 55 jours.

Le peintre se laissait séduire par les toiles qu’elle lui envoyait. L’écrivaine se laissait séduire par les mots du peintre. Elle imaginait qu’il la peindrait un jour. Il souhaitait qu’elle écrive leur histoire. Mais une passion qui tourne court au bout de moins de deux mois se raconte-t-elle ? Et que pourrait-elle en dire celle qu’il a sortie de ses bouquins ? Qu’elle écrivait nuit et jour avant qu’un peintre ne vienne mettre le désordre dans sa vie et que ce désordre lui manque, que sa peau lui manque, et qu’elle fera ce qu’elle faisait avant, ce qu’elle a toujours fait, c’est-à-dire écrire ?

Il n’est pas certain qu’elle y parvienne, que j’y parvienne. Le regard troublant d’un peintre désormais absent a laissé mon corps en braises.

Vivement le printemps…

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 22:19

thomascouture

L’air est bon et le jardin de la lectrice de Thomas Couture sent le printemps. Il y a peut-être même des cerisiers en fleurs.

Comme il me tarde que le printemps arrive enfin. Que je puisse enlever mes bottes et mon lourd manteau. Que je puisse moi aussi, recouverte d’un châle, aller lire dehors et respirer l’odeur de la terre qui se réveille. Et marcher. Regarder et non pas surveiller mes pas afin de ne pas tomber à cause d’une plaque de glace bien dissimulée sous la neige. Lever les yeux vers le ciel. Revivre.

Chaque mois de mars crée cette urgence que le printemps se précipite, que tout fonde et qu’on passe aux bourgeons. Je n’échappe pas à ce désir pressant cette année comme toutes les autres. Et j’avoue: j’envie cette lectrice.

Naît-on solitaire?

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 20:56

nancie richers

Est-ce qu’on décide soi-même d’être solitaire ou cela se fait-il dès l’enfance? Il m’arrive de me poser cette question sans trouver la réponse. Il m’arrive de me revoir enfant, organisant les jeux pour ma sœur et les autres et m’isolant, avec un livre. Il m’arrive aussi de repenser à ce fait relaté par maman, mais dont je n’ai pas le souvenir: celle d’une enfant qui griffait ceux qui s’approchaient de trop près. Ou de revoir cette adolescente rêveuse dans une bibliothèque silencieuse, entre une pile de livres et des pages noircies de poèmes. Ou cette jeune femme qui regardait l’homme dormir dans son lit, incapable de trouver le sommeil sauf si elle allait retrouver le sofa du salon. Ou cette femme de 45 ans que je suis qui ne laisse entrer dans sa vie que ceux qui la laisseront faire ce qu’elle aime le plus: écrire. En fait, la seule chose qu’elle sache à peu près bien faire, en dehors du café.

Tout s’est-il joué dès mon plus jeune âge ? Je ne saurai peut-être jamais. Je sais seulement que plus ça va, plus le côté solitaire prend le pas sur le côté sociable à mes heures que je possède aussi. Que la gamine qui allait de livre en livre, à l’instar de la lectrice de Nancie Richers, est toujours en moi. Très vivante.

Comme je sais aussi, par ailleurs, que j’aime partager, sinon je ferais autre chose que vous faire part de mes découvertes et de mes états d’âme. Mais je sais aussi qu’écrire remplace une vie que je n’ai pas: une vie de sorties avec des amis, une vie de famille avec des enfants, une vie amoureuse. J’ai probablement laissé moi-même s’étioler la première au fil des ans. Quant à la dernière, elle est épisodique, intense, brève, ou alors tout simplement inexistante, selon les époques.

Il me reste donc les mots. Il me reste aussi la musique et la peinture. Des souvenirs. Et probablement le droit de rêver. Et c’est déjà beaucoup.

Le peintre et ses lectrices

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 18:48

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Pour aimer tant peindre des lectrices, fallait-il que le peintre Jason Waskey soit lui-même un lecteur ? On peut facilement l’imaginer puisqu’il s’est peint lui-même lisant.

Et voici ce soir que le premier lecteur fait son entrée dans mes pages. Mais pas n’importe lequel: un qui apprécie les lectrices. Ça allait de soi.

La fuite

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 17:10

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Elle a fui la confrontation. Nulle envie que le ton monte et qu’on fasse son procès.

Elle est allée là où personne ne la heurte en élevant la voix et en la bousculant. La lectrice d’Aneth Huyette-Patay est allée au pays des mots, ceux qu’on n’entend pas sauf si on lit à haute voix. Elle est allée dans cet ailleurs qui est le sien et auquel il n’accédera pas. Elle est entrée dans le livre.

Une gracieuse lectrice

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 6:43

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Comme elle est gracieuse, la lectrice de l’impressionniste méconu Albert de Belleroche. Comme il se dégage d’elle un sentiment de plénitude, de bien-être de douceur. Pour rien au monde on ne la dérangerait. Elle est dans un de ces instants privilégiés où tout son être s’imbibe de phrases et d’images.

Lire à deux

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 5:52

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Et il arrive qu’un lecteur entre dans la toile, qu’il rejoigne ainsi la lectrice, et qu’ils partagent leurs trouvailles, les mots, leurs émotions, comme dans cette toile de l’artiste roannaise Martine Dechavanne, haute en couleur.

Parfois, en effet, une lectrice trouve un lecteur. Et ensemble, ils refont le monde à leur manière.

Bonheur rare et précieux que de pouvoir partager avec l’autre ce plaisir si intime de la lecture. Le savent-ils?

L’une et l’autre dans son monde

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 5:33

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Petit clin d’œil de l’artiste Carol Block pour Picasso dans un tableau représentant une lectrice, elle qui semble les aimer autant que lui, qui les a peintes sans relâche toute sa vie. L’idée de le faire elle aussi vient-elle de là? Peut-être. Et ce n’est pas important. Le plaisir est dans les tableaux vivants que nous offrent ces lectrices, chacune dans son monde, heureuse.

Souvenir valaisan

Filed under: Ailleurs — Lali @ 4:59

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Et comme souvent, alors qu’il fait nuit et que le premier café est en train de couler, je rêve, je voyage dans mes souvenirs. Comme ils viennent à moi, sans me demander pourquoi celui-ci ou celui-là. Et ce matin me vient en tête cette promenade avec Anne-Françoise, une promenade en Valais qui nous avait entraînées de village en village, au cœur des Alpes. Il me semble que je n’avais pas assez de mes yeux pour tout voir tant tout était à voir, tant il fallait que je m’imprime de tous ces détails.

Il faisait beau cet après-midi de juillet 1981 sur la commune d’Hérémence, surplombant la vallée au fond de laquelle se dresse l’impressionnant barrage de la Grande-Dixence que nous sommes aussi allées voir. Il faisait beau sur la petite église moderne juchée là-haut et sur laquelle veillent les Alpes. Il faisait beau aussi parce qu’il faisait bon l’amitié. Une amitié qui a tenu au fil des années et malgré les absences périodiques de l’une ou de l’autre, une amitié qui nous réunira peut-être en 2008 pour des vacances à Zermatt. Une amitié accrochée pour toujours là-haut, à Hérémence et ailleurs.

Lectrice de nuit

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 4:54

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J’imagine qu’elle a commencé sa lecture dans la nuit, à la douce lumière d’une chandelle, dans un silence absolu, apaisant. Puis que tranquillement, le jour s’est levé et que la lectrice d’Edmund Charles Tarbell a soufflé sur la flamme tandis que la lumière baignait peu à peu la pièce de cette lumière rosée qui précède celle éclatante qui viendra. J’imagine qu’elle n’a pas vu les heures, non plus. Et que la nuit l’aura accompagnée. Toute douce.