Et si mes parents ne m’avaient pas emmenée à une exposition sur la peinture française à Galerie nationale à Ottawa enfant, pourrais-je apprécier autant la peinture ? Et si, régulièrement, ils ne m’avaient pas fait franchir le seuil de galeries pour que je puisse apprécier les artistes contemporains, serais-je passée à côté de cet univers qui me séduit ? Et si ma mère n’avait pas eu un cousin peintre, aurais-je fait des artistes des êtres inatteignables ?
Il me semble avoir toujours connu les toiles de Pierre-Auguste Renoir, qui sont toujours aussi attirantes pour moi. Rien n’a changé au fil du temps, je reviens à lui, comme on revient aux origines. Ou à Van Gogh, parce que ce sont les premiers qui ont été mis sur mon chemin. Le second, parce que je revois maman tenter de copier Les tournesols alors que je devais avoir six ou sept ans et qui n’a plus touché un pinceau depuis.
Oui, sans Renoir, sans Les jeunes filles au piano, toile de départ dont une reproduction occupe un des murs du salon, sans mes parents qui aimaient la peinture et qui la découvraient avec nous, avec la notion de plaisir pour l’œil et non pas celle du critique ou du spécialiste, je crois bien que cette passion serait moins intense.