Lali

28 janvier 2007

Une lectrice peut-être insomniaque

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 0:41

lorenzo_albino

La lectrice d’Albino Lorenzo sera-t-elle à même de dormir cette nuit ou si cela lui sera impossible comme bien des nuits ? Cherchera-t-elle dans les livres de quoi la nourrir suffisamment pour qu’elle pose enfin la tête sur l’oreiller et qu’ainsi elle puisse dormir quelques heures ?

Je parle d’elle, mais je parle de moi alors que je vais difficilement trouver le sommeil cette nuit ou peut-être ne pas dormir du tout, comme ça m’arrive de plus en plus. Comme s’il devenait de plus en plus difficile de me mettre à off. Comme si quelques heures de sommeil étaient des heures où je ne vivais pas. Et pourtant, je sais bien que le sommeil peut être réparateur. Et je sais bien qu’à ne pas dormir, je vais finir par me brûler. Mais je n’ai jamais beaucoup dormi. Alors un peu moins ne devrait pas trop changer les choses.

La seule différence est qu’avec les années les heures d’insomnie passées en compagnie d’un livre se sont muées en des heures à écrire, entrelardées d’heures de lecture. Car écrire a pris de plus en plus de place. Probablement parce que c’est devenu plus fort que tout. Et qu’il ne sert à rien de me battre avec moi-même.

27 janvier 2007

Les sapins de l’hôtel de ville

Filed under: Mon Montréal — Lali @ 18:29

neige2

Et s’il ne faisait pas si froid, je serais peut-être allée marcher ce soir, sans destination autre que celle où mon instinct m’aurait guidée. Je serais peut-être allée jusque dans le Vieux-Montréal voir les sapins de l’hôtel de ville qui ne portent sûrement plus les guirlandes de la photo. Pas que je me plaise particulièrement dans cette partie de la ville, mais j’aime le calme et le silence qu’on y trouve en hiver, alors que celle-ci est quasi désertée des touristes qui l’été l’envahissent ainsi que tous les artistes de la rue.

Oui, le Vieux-Montréal est beau en hiver avec son fleuve figé dans la glace que j’aurais aimé aller photographier. Mais ce n’est que partie remise. L’hiver est long chez nous: j’ai encore bien le temps. Bien le temps.

La lectrice face à la mer

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 5:00

mondiniruiz

Et parfois en moi cette envie de partir lire devant un océan qui se déchaîne, telle la lectrice de Franco Mondini Ruiz. Pour évacuer ce trop plein en moi dans cette eau qui bouillonne, en jetant page après page ce cahier écrit et que personne ne lira jamais.

Mais je sais fort bien que noyer quelques feuilles de papier ne taira en rien le tumulte qui s’agite en moi, ne me rendra pas raisonnable, n’effacera rien de mes rêves parfois trop grands ni de mes élans.

Et si la mer m’appelle, ce n’est peut-être pas pour autre chose que parce qu’elle me manque et non pas pour ces quelques feuilles qu’il vaut peut-être mieux déchiqueter ou brûler. Geste que je n’ose pas faire.

L’océan me donnerait-il ce courage qui me manque d’effacer les traces d’une histoire ancienne ? Si ancienne qu’il me faut parfois la relire pour m’en souvenir avec exactitude ?

How fragile we are

Filed under: Trois petites notes de musique — Lali @ 4:23

sting

Parce que Denis m’a envoyé hier Ne me quitte pas interprété par Sting, à l’heure où l’insomnie s’est emparée une fois de plus de moi, mais par ma faute – une longue sieste l’après-midi -, je profite de la nuit pour écouter mes vieux CD, à défaut des 33 tours au salon.

Commme j’aime ce Ne me quitte pas. Comme j’aime aussi Terre d’Oru, qu’il interprète avec I Muvrini, ou If I ever loose my Faith in You, et Englishman in New York. Ou alors tous ces vieux hits de l’époque de Police, dont je ne me lasse pas.

Et Fragile. Une des plus belles chansons qui existent. Fragile qui dit:

On and on the rain will fall
Like tears from a star like tears from a star
On and on the rain will say
How fragile we are how fragile we are
How fragile we are how fragile we are

Quelques phrases qui chaque fois me bouleversent.

26 janvier 2007

Lire ce qui n’est pas écrit

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 10:15

johnlauder

Combien de fois la lectrice de John Louder a-t-elle relu cette lettre et pesé chaque mot? Lequel de ces mots a-t-il le plus touché son cœur? Ou lesquels?

Va-t-elle répondre à cette missive sans tarder ou la laisser sans réponse? Rien dans son attitude ne peut laisser présumer de ce qu’elle fera. Elle en est encore à cette étape où elle s’imprègne des mots, où elle tente de déchiffrer ce qui n’est pas dit, mais qui est là, entre les lignes, peut-être plus important que les mots qui y sont.

25 janvier 2007

Petite évasion au pays des morts

Filed under: Sur grand écran ou sur scène — Lali @ 20:49

volver

Si vous cherchez la vraisemblance, Volver n’est pas pour vous. En effet, la dernière réalisation de Pedro Almodovar est surréaliste à souhait. Même si la mort est omniprésente d’un bout à l’autre, dès le départ en fait, avec une scène où les femmes balaient et époussettent le lieu du dernier repos, il y a dans ce film tant de tendresse et de fantaisie qu’on en oublie qu’elle rôde.

Une mère qu’on croyait morte et qui revient à la vie, une autre qui voudrait mourir en sachant ce qui est arrivé à la sienne disparue, un homme tué par accident qu’on va fourguer dans un congélateur… Oui, la mort est bel et bien ce qui va faire de la vie une fête.

Le tour de force d’Almodovar est d’avoir réussi à nous faire croire à ce monde impossible où on achète les denrées de nos voisines en pleine rue, où on peut faire croire qu’on a recueilli une Russe sans que personne ne pose mille et une questions, où on peut organiser un repas gastronomique pour trente personnes en quelques heures…

Rien est plausible, mais tout l’est, si on admet qu’on est dans un univers autre aux limites de la vérité. Et ce n’est qu’à cette condition que le plaisir est là, qu’on s’amuse de la situation. Autrement, je le crains, tous ces détails nous agacent et ne nous font pas voir l’essentiel: la vie nous fait repousser la mort.

On aime ou on n’aime pas. C’est ça, le cinéma d’Almodovar.

Ne tentez pas de me retenir

Filed under: États d'âme — Lali @ 11:38

oiseauenvol

Et toujours cette peur, quand je m’investis dans quelque chose, qu’on finisse par me couper les ailes pour une raison ou une autre ou qu’on me freine dans mes élans. Surtout quand mes projets, mes rêves, mes ambitions et mes idées impliquent plus que ma seule personne.

Et à cause de cette crainte que l’autre, les autres, ne sachent pas aller au bout d’un rêve fou ou d’une idée saugrenue, parfois garder pour soi le rêve ou l’idée. Ne pas les dévoiler pour embarquer dans ceux-ci des gens qui n’auront pas ma ferveur, celle ou celui qui baissera les bras à la première difficulté.

Et puis, finalement, peut-être, devenir de plus en plus solitaire, pour ne pas qu’on tente de me retenir au sol alors que je rêve de voler, pour ne pas que sous prétexte de partage on pose une cage autour de moi, pour me plier le moins possible à des règles – sauf s’il est absolument impossible de faire autrement -, pour que personne ne me retienne, alors que je m’apprête à partir.

Et quand j’entre dans la vie de quelqu’un ou que quelqu’un entre dans la mienne, il reste toujours une part de moi qui ne sera jamais abordable, même quand je me sentirai en confiance. Et ce, de plus en plus et plus que jamais. Autant me suis-je ouverte récemment, une fois de plus, autant tranquillement mais sûrement, je me ferme. Seules mes ailes se déploient. Ne tentez pas de me retenir.

Libre je suis, libre je serai.

24 janvier 2007

Et si la vie ne suffisait pas ?

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 22:37

cgg

La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas.
[ Fernando Pessoa ]

Est-ce parce que la vie ne les comble pas suffisamment que certaines lectrices, comme celle de Carol Gartzman Gooberman, trouvent dans les livres ce qui leur manque ? Ou alors est-ce juste un petit plus qui s’ajoute à une vie déjà riche ? Ou alors, parfois l’un, parfois l’autre ?

Vont-elles de leur vie à celles des personnages des romans aussi aisément que d’autres vont de la cuisine au salon ? La littérature devient-elle un prolongement, une autre part d’elles-mêmes ?

Je ne puis vivre sans lire. Mais la lecture n’est pas pour pallier à un manque, mais bien parce qu’elle m’est essentielle. Au même titre que manger ou écrire, respirer ou rêver. Oui, en un sens, la vie ne me suffit pas. Il me faut en plus la littérature. Je ne crois pas, cependant, être la seule dans une telle situation.

Petite douceur de ce soir

Filed under: Le plaisir des papilles — Lali @ 22:14

patedecanard

Il suffit parfois de peu pour que la vie goûte quelque chose. Ce soir, c’était tout simple: un peu de pâté de canard sur du pain, auquel j’ai ajouté de la confiture d’oignons au porto. Cadeaux de Lucie, qui m’a vanté ce « mélange ». Quel bonheur pour les papilles !

Et tant qu’ à essayer des mélanges, des rillettes avec chutney aux canneberges sur un autre morceau de pain… C’est la fête ici, ce soir… Il faut juste avoir envie de sortir des sentiers battus. Là, seulement, nous attendent les plus fabuleuses découvertes, qu’elles soient culinaires ou autres.

Petite hésitation entre deux prépositions

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 8:18

henner

Pour qu’une liaison d’homme à femme soit vraiment intéressante, il faut qu’il y ait entre eux jouissance, mémoire ou désir.
[ Sébastien Roch, dit Nicolas de Chamfort ]

Et peut-être a-t-elle ainsi terminé la lettre qu’elle vient d’écrire à son amant avant de retourner aux livres qui la nourriront jusqu’à ce que ses mains se posent à nouveau sur son corps. Ou peut-être a-t-elle voulu le faire et que la lectrice de Jean-Jacques Henner n’a pas osé. Parce que peut-être elle aurait transformé le ou en et.

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