Petite évasion au pays des morts
Si vous cherchez la vraisemblance, Volver n’est pas pour vous. En effet, la dernière réalisation de Pedro Almodovar est surréaliste à souhait. Même si la mort est omniprésente d’un bout à l’autre, dès le départ en fait, avec une scène où les femmes balaient et époussettent le lieu du dernier repos, il y a dans ce film tant de tendresse et de fantaisie qu’on en oublie qu’elle rôde.
Une mère qu’on croyait morte et qui revient à la vie, une autre qui voudrait mourir en sachant ce qui est arrivé à la sienne disparue, un homme tué par accident qu’on va fourguer dans un congélateur… Oui, la mort est bel et bien ce qui va faire de la vie une fête.
Le tour de force d’Almodovar est d’avoir réussi à nous faire croire à ce monde impossible où on achète les denrées de nos voisines en pleine rue, où on peut faire croire qu’on a recueilli une Russe sans que personne ne pose mille et une questions, où on peut organiser un repas gastronomique pour trente personnes en quelques heures…
Rien est plausible, mais tout l’est, si on admet qu’on est dans un univers autre aux limites de la vérité. Et ce n’est qu’à cette condition que le plaisir est là, qu’on s’amuse de la situation. Autrement, je le crains, tous ces détails nous agacent et ne nous font pas voir l’essentiel: la vie nous fait repousser la mort.
On aime ou on n’aime pas. C’est ça, le cinéma d’Almodovar.