Et si elle préférait les livres aux fêtes ?
Il y a suffisamment de livres derrière la lectrice de l’artiste de Singapour Sia Joo Hiang pour qu’elle puisse passer un long moment sans sortir de chez elle et sans avoir à adresser la parole à quiconque pendant quelques semaines.
Je n’ai pas à l’envier. Son décor est trop pareil au mien pour que je le fasse. Il reste un doute, tout de même. S’isolera-t-elle dans sa bulle avec ses livres comme j’ai envie de le faire entre Noël et le premier de l’an ? Envie, mais reste à voir si j’en serai capable et si on me laissera le faire.
Je vois déjà toutes ces soirées à venir, en commençant par celle d’aujourd’hui pour le souper de Noël du service où je travaille. Et là où les autres voient raisons de se réjouir et de faire la fête, je vois obligation et guère de plaisir. Même chose pour la fête du bureau le 22, le souper de famille du 23…
Je sais que je devrais penser à la solitude des uns au moment des Fêtes plutôt que de songer au fait que j’aimerais tant être seule, moi. Que j’aimerais tant ne pas jouer cette comédie. Mais je le jouerai, le jeu, je ferai comme si, étant donné que j’ai réussi à obtenir qu’on me lâche les rênes le 24.
Et il y aura cette semaine de vacances, la première de ma vie à cette période de l’année, depuis l’université. Et il y aura le fait que je ne me tape plus toutes ces heures et ces soirs comme c’était le cas du temps de ma vie de libraire. Alors, pourquoi, à la lumière de ceci, n’ai-je pas plus le sens de la fête ? Alors pourquoi la simple perspective d’une bibliothèque remplie de livres me semble plus invitante que ces réunions ?