Une lectrice, deux moments, un geste
La lectrice de Fabien, qu’elle soit habillée jusqu’au cou mais pieds déchaussés ou nue, a cette manière qui est un peu la mienne de poser la tête dans ma main quand je veux me concentrer. Et ce geste, combien de fois puis-je le faire dans une journée ? Je préfère ne pas commencer à compter, je ne vais pas m’en sortir: il est bien trop fréquent. Je le faisais encore à l’instant, alors que je pensais à la phrase suivante.
Est-ce un geste coutumier aux lectrices ou alors est-il propre à certaines ? On peut se poser cette question, alors qu’ici la lectrice de Fabien s’adonne à ce geste à deux moments différents. Peut-être une fin d’après-midi dans un cas, et une nuit, dans l’autre. Peu importe.
Elle a, comme toutes celles qui viennent me raconter des bribes de leur histoire ou qui me laissent le loisir de leur en imaginer une, ce petit quelque chose qui la rend particulière. Je crois bien qu’ici, c’est la délicatesse avec laquelle son menton tient dans sa paume alors qu’elle est là, pensive.