Lali

10 novembre 2006

La lectrice au transat

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 23:35

jkearns

La lectrice de Juli Kearns me fait remonter dans le temps, à l’heure de mon premier appartement, où je n’avais pas de sofa, ni de fauteuil, rien de ce qui puisse ressembler à un vrai salon mais deux transats. Et bien entendu des planches et des briques en guise de bibliothèques.

Difficile de dire si elle a aussi a cette originalité, car on ne sait si derrière elle il s’agit de rideaux aux fenêtres ou alors de volets. On peut même imaginer – et pourquoi pas – qu’elle promène le transat de l’extérieur à l’intérieur et vice versa, parce qu’elle est bien dans son transat, qu’il lui donne l’impression d’être en vacances toute l’année. J’avais aussi ce sentiment. Les transats du salon me rappelaient ceux de la maison de Chantal à Damgan, c’est la raison pour laquelle je les avais choisis.

Le bonheur d’un transat, c’est qu’on peut s’y asseoir toute droite, s’y allonger ou même adopter une pose à l’indienne. Il supporte toutes nos envies. Et il est des livres qui se lisent dans une position et d’autres dans d’autres. Mais si ! Je me vois mal allongée pour dévorer un thriller ! Ou toute droite pour lire des poèmes…

C’est fou comme il fait envie ce transat. Encore plus maintenant que je n’en ai plus. Mais le sourire de la lectrice, lui je sais le trouver n’importe quand.

Instantanés sur New York

Filed under: Ailleurs — Lali @ 17:20

greenwich

New York première fois, été 1972. C’était avant les tours, et nous avions vu la ville du haut de l’Empire State Building. Pris des photos devant Rockefeller Center. Marché sur 5th Avenue. Pas encore 11 ans. Souvenir tenace, malgré tout. Le Bronx où nous avons atterri par erreur et d’où les policiers nous ont sortis à la vitesse grand V dès qu’ils ont vu la plaque du Québec. Et bien entendu, la statue de la Liberté. Immense. Alors que la liberté des gens est minuscule, au fond.

Autre séjour presque 10 ans plus tard avec les copains d’université. Souvenir d’un autobus qui roule dans la nuit. Moi endormie sur l’épaule de P. qui caresse mes cheveux. Un déjeuner au beau milieu de nowhere quelque part entre Montréal et New York. C’est début mai et les nuits sont encore fraîches, mais nous nous dégourdissons un peu les jambes avant de repartir.

Quelques heures pour dire quelques jours quand le temps file à toute vitesse quand on veut tout voir. Quelques heures qui se sont éternisées dès que nous avons franchi les portes du Metropilitan Museum of Art: trop à voir. Pique-nique à Central Park sous quelques gouttes de pluie. Et le soir, pour Diane, Sylvie et moi, nos plus beaux atours pour Broadway. Otello avec Christopher Plummer dans le rôle d’Iago. Nous sommes les trois éblouies. Inconscientes – ou téméraires ? -, nous marchons dans les rues de New York à la recherche d’un endroit où on pourra se faire un snack de fin de soirée et discuter un peu. Puis, on rentre, toujours à pied. Magie que New York et ses lumières sous la pluie. De véritables éclairages de scène partout.

Et les toiles de Kandinsky au Guggenheim, celles de Giorgio de Chirico au MOMA. Antigone de Sophocle off Broadway et une pièce dont j’ai oublié le titre off-off-off Broadway. Dans un ancien magasin transformé en théâtre si bien que les gens dans la rue pouvaient tout voir à travers la grande fenêtre. Il manquait les mots, mais nous qui les avions pourtant n’avons saisi que des bribes.

Une nuit à jouer au strip poker dans notre chambre à Sylvie et à moi. Combien étions-nous ? Dix ? Douze ? Je me souviens qu’il n’y avait pas de table et que nous avions mis un tiroir à l’envers pour y jeter nos cartes en avalant du caribou (un alcool fort qui étourdit) que David était aller chercher – je préfère ne pas savoir où mais sûrement dans un bar clandestin – à une heure du matin. Nous avions 20 ans, nous étions libres et dans une des villes les plus excitantes du monde.

Mais de tous les moments, même si de tous je conserve un souvenir impérissable, il y en a un qui se démarque: l’arrivée à Washington Square, l’entrée de Greenwich Village. J’étais enfin LÀ, sur cette place vue dans tant de films. Je crois que j’ai dû faire un 360 degrés juste pour m’assurer que c’était bien vrai.

Tout m’a plu à Greenwich Village. Les maisons, les galeries, les friperies et les magasins de chaussures. Et le petit bistro français où on peut débarquer après le théâtre et où on nous sert à minuit comme s’il était 19h.

Je n’ai pas revu New York, pourtant à huit heures de route de Montréal. Mais j’ai vu et revu Paris maintes fois. Mais un jour, oui, j’y retournerai. Je suis certaine que ça doit être formidable d’embrasser un homme devant la fontaine de Washington Square avant d’aller marcher main dans la main dans les rues du quartier.