
Il a suffit que la chanson-thème du film Fame passe à la radio hier, alors que je sortais de chez Michelle, pour qu’elle me reste en tête et que vingt-quatre heures plus tard je la fredonne encore avec fougue.
I’m gonna make it to heaven
Light up the sky like a flame
Fame
I’m gonna live forever
Baby remember my name
Fame
J’ai peine à croire que c’est en 1980 que j’ai vu ce film la première fois. Car depuis, je ne compte pas les fois où je me suis installée devant ce film pour voir se dérouler sur mon écran les tribulations de ces jeunes qui avaient alors mon âge. Il y avait tant de passion en eux dans leur quête de succès, dans leur volonté de faire quelque chose de leur vie, de Coco l’artiste complète, campée de façon émouvante par Irene Cara jusqu’à Bruno, le pianiste-compositeur qui avait su amadouer son vieux professeur, en passant par Leroy, le danseur, qui tentait d’apprendre à lire et à qui s’était attachée la professeur d’anglais. Et tous ces autres venus d’horizons différents, tous là pour sortir le meilleur d’eux-mêmes et se prouver quelque chose. Le jeune Porto Ricain, issu de famille dysfonctionnelle, qui cherche dans l’humour un dérivatif à sa vie difficile; la petite Juive qui voudrait que sa mère la laisse enfin libre d’être de devenir le papillon qui germe en elle; le fils de star, que sa mère a confié à des psys plutôt que de l’aimer. Et tous les autres qui, en cherchant la célébrité, nous laissent voir leur vrai visage.
Le film d’Alan Parker n’a peut-être pas marqué l’histoire du cinéma, aux yeux de certains, mais il a marqué ma petite histoire personnelle. Car à l’époque je rêvais aussi, mais pas de vedettariat. Juste de voir mes mots publiés, ce qui est arrivé depuis. Mais je savais – ou je sentais – que jamais je ne vendrais mon âme au nom de la renommée et je crois bien que j’y suis arrivée, même si parfois il y a un côté exhibitionniste que je préfère appeler extraverti à l’entreprise d’écrire ici états d’âme et souvenirs, réflexions et critiques, constats et autres banalités.
Ce que j’écris ici fait sourire certains d’entre vous ou vous touche, et certains écrivent pour me le dire. Comme Patrick et Christel. Comme Christine, qui m’a trouvé dure, une autre fois. Ou Jean-Marc qui relève toujours l’une ou l’autre de mes remarques, comme si c’était ainsi la porte ouverte à une conversation que nous poursuivrons hors des pages de Lali.
Il n’y a pas de gloire à la clé ici. Juste le bonheur d’écrire et le plaisir de partager. De livrer en vrac tout ce qui me passe par la tête, dans le plus pur des désordres, parce que la vie, c’est aussi passer du coq à l’âne, constamment. Je mentirais en disant que je le fais par simple altruisme. Mais oui, il y a de ça, mais aussi ce besoin vital de laisser des traces, qui me vient d’aussi que je me souvienne, des poèmes d’adolescence aux lettres semées ici et là sur le globe.
C’est avec les mots que je suis bien. Et si je chante ce matin les paroles de Fame, ce n’est pas pour ce qu’elles disent, mais pour le message que porte le film d’Alan Parker, celui des artistes qui ne devraient à aucun prix et pour aucune raison vendre leur âme pour une heure de célébrité.